On ne sait pas, on ne sait rien sur terre
Technique mixte / acrylique
Artiste : Charles Wery
Œuvre inédite, signée
Date de création : 2025
On ne sait pas, on ne sait rien sur terre
Dimension : 42,5X72,5cm
Valeur : 320€

Quelques mots…
Voilà, on y est arrivé ! Le polyptyque sur « L’Amour meurt » de Léo Ferré est enfin terminé… Il est constitué de quatre œuvres. Chaque œuvre illustre, dans un incalculable égoïsme, une phrase du refrain.
Le refrain de « L’Amour meurt », le voici : https://youtube.com/clip/UgkxPF4xDxPxzaDMu5K1v74VZype6Jz5o-cM?si=spyd9oKDJu0zxN0y
La quatrième phrase du refrain c’est « On ne sait pas, on ne sait rien sur terre »…
Au-dessus, le noir comme l’ignorance du réel. Une méconnaissance profonde de celui-ci, une forme d’inaccessibilité fatale. Le noir ne se résume pas à une absence de savoir : il présente le réel comme un espace béant dans lequel nous ne pouvons même pas nous perdre.
Alors, on éclaire le noir. Avec le feu d’abord… avec moult systèmes épistémologiques ensuite. On éclaire pour vaincre l’angoisse. On éclaire pour mieux y voir. Prévenir les menaces, inventer, systématiser, s’organiser.
Dans ce jeu fait d’ombres et de doutes, nous pensons parfois percevoir ce qui demeure pourtant hors de portée.
L’angoisse, malgré nos recherches, nos croyances, nos symboles, nos savoirs, affleure dans chaque zone de matière, dans chaque silence de la surface. Il y a du blanc rassurant et du noir angoissant qui se mêlent sans cesse.
On peut évidemment déposer des certitudes, envisager du blanc plus blanc.
On peut aussi consigner ce que l’on croit savoir sur une feuille blanche comme on dépose un embryon d’idée, une fragile vision d’une chose obscure et floue, une hypothèse pour se désennuyer un peu.
Le blanc se veut rassurant mais porte en lui sa propre incertitude. Le blanc est sali, hésitant, il se craquelle à certains endroits, il fait gondoler la feuille où l’on devait noter les choses importantes.
Tout semble précaire. On ne sait rien.
Une toile qui malmène la littérature. Une toile qui présente l’Être comme une zone fondamentalement muette. L’Être qui n’a pas encore été conquis par la pensée. Il est là, au milieu de tout, comme une attente.
Dans cette œuvre, le réel serait le support… Le bois où les dégoulinures de peinture sont déposées comme des pensées… Sur la feuille centrale, de très discrètes teintes nous font songer à cette nature profonde de l’Être, à ce support de bois. Un flirt presqu’imperceptible de l’esprit avec le réel.
Mais ce support en bois, cette matière première, brute et beige semble nous poser une question en forme de reproche : pourquoi m’approcher de la sorte ?
Nos pensées et savoirs recouvrent le réel entitatif pour le faire disparaître.
Ainsi, la toile « On ne sait pas, on ne sait rien sur terre » se donne comme un lieu d’exploration métaphysique. C’est une construction maladroite et abîmée, comme les pensées humaines, où l’angoisse devient le seul guide et la seule motivation de nos moindres passe-temps, dont nos volontés herméneutiques font partie.
La lumière est fragile comme le papier.
La peinture n’envisage aucune solution. Elle murmure que comprendre le monde se résume à apprendre à vivre avec ce qui nous échappe. L’amour meurt, comme le chantait Léo Ferré.


