Quelques mots…

Anne Truyers nous propose ici un véritable dessin enlevé qui peut nous faire penser aux productions de Cy Twombly pour la gestualité libre (libérée pourrait-on dire) mais aussi à celles de Roman Opalka pour la répétition.

Le dessin est constitué d’une répétition de verres. Chaque verre est formé de multiples lignes superposées, souvent incomplètes, donnant une sensation de mouvement. L’usage de la ligne noire, énergique et nerveuse, renforce le caractère spontané et vivant du dessin. Et ce noir sur blanc crée un contraste fort mais sobre, soulignant l’aspect conceptuel du travail plutôt que décoratif.

Au-delà de ces considérations esthétiques, cette « répétition » de verres peut évoquer le travail humain, la routine, l’absurde. On pense ici à Camus et au mythe de Sisyphe : répéter une tâche sans fin est à la fois absurde mais profondément humain.

Notons aussi que ces verres sont vides et symbolisent ainsi le manque, le désir, l’espoir… ce vide devient un espace mental : ce que l’on projette dans ces contenants définit ce que l’on y voit.

Cette œuvre, en somme, derrière une apparente simplicité, propose une méditation visuelle sur la répétition, le vide, l’imperfection et le geste humain. Elle questionne notre rapport au sens, au travail, à l’objet, et à nous-mêmes. Chaque récipient vide devient un miroir : que sommes-nous prêts à y verser, à y voir, à y chercher ?

Pour en savoir plus sur le travail d’Anne Truyers : www.annetruyers-design.com